ANIMATEUR DE FOIRE AGRICOLE
Le monde agricole est un univers bien particulier. Ses codes sont difficiles à appréhender. Il faut de l’humilité, une bonne écoute et un sens certain de l’observation pour cerner celles et ceux qui le composent. Même si aujourd’hui les agriculteurs ont parfaitement intégrer l’idée que la communication faisait désormais partie de leur profession, il y a toujours chez eux une certaine pudeur à se mettre en avant et à parler de leur histoire, de leur savoir-faire et des produits. Ainsi tout l’art de l’animateur de foire agricole est là : faciliter la prise de parole de ces « paysans », devenir de la plus simple des façons l’interface entre eux et le public. Le juste trait d’union.
C’est par la présentation d’une manifestation agricole que j’ai débuté ma carrière d’animateur…
Une première avec la Fête du fromage !
Mon adolescence et les vingt années qui ont suivi je les ai passées dans un village de Haute Provence. Une grande partie de ma vie s’est déroulée à Banon. Dans ce coin là du Luberon on élève la chèvre et on fabrique des tommes. C’est la fameuse préparation que l’on habille de feuilles de châtaignier et de brins de raphia. Une recette unique.
Dans les années 90 le « Banon » ne bénéficiait pas encore d’appellation. Les contre-façons étaient monnaie courante. Il fallut alors se mobiliser pour protéger ce patrimoine. Les professionnels menèrent des démarches auprès de l’Institut National de l’origine et de la qualité. En même temps quelques habitants de la commune dont je faisais partie décidèrent de promouvoir ce fromage en organisant un grand rassemblement festif. Je fus désigner pour animer au micro la première édition de cette fête. C’est ainsi que j’ai démarré le métier de présentateur. Près de trente ans plus tard cet événement existe toujours et enregistre chaque année la venue de milliers de personnes (record à 15000). Le « Banon » a obtenu son A.O.P. et je suis encore animateur de foire agricole.
Agriculteurs et grand public
Les événements ayant pour thème le monde agricole ont les faveurs du grand public. Le succès constant du Salon de l’agriculture à Paris en est bien la preuve. Cela tient sans aucun doute à ce besoin qu’ont de plus en plus de personnes de se rapprocher de la nature et à ce souci de mieux connaître ce qu’il y a dans nos assiettes. Même si les jeunes agriculteurs sont aujourd’hui plus enclins à saisir les enjeux d’une bonne communication la relation entre professionnels et grand public ne va pas encore suffisamment de soi. Le travail de la terre reste difficile. Beaucoup sont dans des situations précaires. Ce contexte mène à l’isolement. On a ainsi du mal à se vendre et à promouvoir ses produits. Le travail de l’animateur de foire agricole se situe là. Il se doit d’être la charnière entre les visiteurs et les agriculteurs. Son rôle est de faciliter la rencontre. Pour y parvenir ne surtout pas forcer le trait et se transformer en représentant de commerce. Cela serait totalement contre productif. Il faut en premier écouter attentivement les producteurs. Se familiariser avec un certain vocabulaire. Bien comprendre la filière. Ensuite par des commentaires simples et de courtes interviews susciter l’intérêt des chalands. Il faut parvenir à les emmener à discuter avec l’exposant. Si après les propos tenus au micro par l’animateur la conversation entre l’agriculteur et les passants s’engage, le pari est gagné. Le travail a été bien fait.
Le bonheur est dans le pré
Dans mon curriculum d’animateur je peux revendiquer de la présentation de cent manifestations agricoles. Cela va de la toute première qu’a été la fête du fromage à de bien plus importantes en passant par de petits rassemblements. Je suis issu de la ruralité. Je comprends ses habitants. J’aime les agriculteurs car à contrario de moi ce sont des silencieux. Mon plaisir est de les faire parler. Rien n’est plus difficile et rien n’exige autant de politesse par l’écoute que ce métier d’animateur de foire agricole. Mais quel bonheur quand le but est atteint et quand on lit dans les yeux du public ce respect à l’égard de ceux de la terre et cette brève envie d’être un des leurs…
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