speaker de moto cross

Voilà près de dix ans que je suis speaker de moto cross. Au décès du regretté Maurice Aubert qui était alors l’animateur emblématique des épreuves de moto cross dans le sud Est de la France, les instances régionales de la discipline ont fait appel à moi pour assurer le commentaire des courses. Je ne connaissais rien à la moto. Mon premier MX fut un rassemblement de jeunes pilotes à Pertuis : le mini cross de Provence. L’exercice s’avéra périlleux et le résultat assez médiocre. Je mélangeais beaucoup de choses et malgré mes recherches sur les règles de ce sport, je ne maîtrisais pas suffisamment les « us et coutumes » de ce type de compétitions. Qu’à cela ne tienne, j’ai travaillé et persévéré. Aujourd’hui j’ai au compteur plus de 200 épreuves animées, des motos cross au niveau Elite, des shows et plusieurs supers cross. Le vocabulaire propre au MX n’a plus trop de secret pour moi. J’ai aussi une bonne connaissance des pilotes qui font l’actualité de la discipline. Je me suis familiarisé avec toutes les configurations de circuit. Je peux donc mettre en avant une certaine expérience.

Beaucoup de journées passées à commenter les courses et depuis tout ce temps il aurait été normal que j’éprouve une certaine lassitude. Certes l’expérience me permet désormais de mieux utiliser mon énergie d’animateur : j’en dépense moins par exemple à parler lors des essais libres, mais à aucun moment je n’ai ressenti le poids de la routine en me rendant sur un moto cross. Le plaisir est toujours autant là et même il est comme multiplié avec ma connaissance des choses. J’aime le moto cross, son ambiance, le suspens des manches et ses pilotes.

« Gros gaz » c’est une expression employée dans le milieu du moto cross pour encourager les pilotes à aller plus vite. D’ailleurs certains accompagnateurs l’inscrivent sur leur panneau pour soutenir leur champion. « Gros gaz !!!! » pourrait aussi être lancé à l’attention du speaker de moto cross tant il va vivre dans la peau du commentateur des moments d’une intensité ENORME. Commenter une manche de MX c’est parti pour un sprint de 25 minutes. De l’entrée en grille jusqu’au passage sous le drapeau à damier c’est d’un trait, sans pause et tout peut arriver. Il faut être super réactif. Justement beaucoup de speakers se laissent emporter voire submerger par cette tension. Leur propos deviennent trop rapides et l’information a du mal à être comprise du public. Le stress entraîne la confusion. Avec l’expérience j’ai vraiment appris à maîtriser cela. Tout d’abord ma première règle c’est un oeil sur la piste, l’autre sur l’écran des temps. Ma deuxième ce sont des informations courtes, concises, les plus claires possibles pour les spectateurs : le nom, le numéro, la place. Bien évidemment je place à des instants opportuns des anecdotes. Je n’hésite jamais à augmenter le rythme des phrases quand la course s’emballe mais sur un temps mesuré. Enfin j’essaie dans la mesure du possible en fin de manche d’aller interviewer les pilotes. Cela donne une touche humaine aux événements.

Avec la vitesse le MX est sans aucun doute la discipline la plus populaire du sport moto. Les bosses attirent les foules autour des circuits et les retransmissions de grands prix à la télé font d’excellentes audiences. Ceci tient à la relative simplicité des règles du jeu et à l’intensité des épreuves : les temps morts sont rares. Cette popularité ajoute énormément de plaisir au rôle du speaker de moto cross. Ses commentaires sont écoutés par de nombreuses personnes. On suit la course par sa voix.  C’est très valorisant pour un professionnel du micro d’être ainsi et autant le chef d’orchestre d’un événement sportif.

Un moto cross est une épreuve sportive quelque peu bruyante. Les moteurs de la catégorie MX1 (les 450) savent se faire entendre. Il est donc important de bien configurer le son. Je préconise évidemment de faire appel à des techniciens professionnels. Le meilleur speaker de moto cross n’est plus rien sans une bonne sonorisation. Le paramètre du son est trop souvent le parent pauvre des organisations. L’idée reçue est que cela coûte trop cher. En effet l’installation pour un week-end de compétition d’un dispositif adapté représente un budget mais cela n’est rien par rapport aux pertes engendrées chez les partenaires et autres sponsors à cause d’annonces et de messages publicitaires inaudibles. Une pub parfaitement énoncée par l’animateur mais massacrée par la technique est préjudiciable à la marque mais aussi à la bonne réputation de l’épreuve. Un grand moto cross c’est toujours du bon son !

10 ans passés en tant que speaker de moto cross. J’ai commenté de nombreuses courses. Je suis passé sur plus d’une vingtaine de terrains différents. Et pourtant je ne me lasse pas de ce rôle. Chaque week end est nouveau. Cela tient certes à l’évolution du niveau et aux performances toujours plus grandes des moteurs mais ce qui rend l’exercice changeant c’est bien le facteur humain. Au delà des machines, il y a les pilotes et les incroyables histoires faites d’amitié et de duels qu’ils nous racontent sur les bosses…