LA FETE DE LA TRUFFE : un incontournable !
A contrario de ce qu’on pense la truffe n’est pas l’apanage du Périgord. Certes le département de la Dordogne aime le diamant noir mais dans les chiffres c’est bien la Provence qui est, en France, le premier producteur de ce champignon magique. Avec le haut Var, le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence la région Sud Est tient incontestablement le haut du panier dans ce domaine. Une place de leader qui exige que chaque hiver on fête ici la fameuse Tuber melanosporum. Il y a les marchés de négociants comme à Carpentras, il y a surtout en Haute Provence, au mois de février, la fête de Mane organisée par des amateurs et des professionnels. Le rendez-vous a trente ans. C’est une institution dans le calendrier provençal des festivités de début d’année. Sur deux jours se succèdent démonstrations culinaires, concours de cavage et marché paysan. Mane devient ainsi le temps d’un week-end la capitale de la truffe. Cette année encore j’ai eu l’honneur d’être choisi pour présenter ce rassemblement. 15 ème édition en tant qu’animateur de la fête de la truffe! Un plaisir multiplié car l’autorisation m’est donnée par ce rôle de goûter à toutes les préparations…
RECETTES DE CHEFS
Le samedi on passe en cuisine ! C’est l’un des chapitres de cette manifestation que l’animateur de la fête de la truffe que je suis préfère. D’ailleurs l’affluence du public (de plus en plus importante au cours des années) indique bien que ce moment là mérite le détour. Dans une salle des fêtes aménagée en coulisse de restaurant trois chefs cuisiniers concoctent trois recettes à base de truffe. Il ne s’agit en rien d’un concours. Le but étant d’expliquer les préparations et surtout de les faire déguster à l’assistance. La truffe est certes un ingrédient noble dont la simple évocation suffit à mettre en émoi les papilles gustatives mais elle n’est jamais facile à travailler. La difficulté est de l’associer à une préparation originale sans pour autant la dénaturer. La truffe est rebelle, elle ne supporte pas les cuissons trop longues. Ce « top chef » truffé donne lieu à bien des échanges avec le public. On explique et on répond aux questions. L’animateur est le chef d’orchestre de ce dialogue en prenant soin de toujours ajouter quelques pointes d’humour pour relever les plats et le talent de ceux qui les réalisent. On vient de loin (Nord de la France, Belgique voir même de Chine) pour assister à ce premier rendez-vous de la fête.
UN MARCHE CONTROLE
Dimanche, jour de marché. La place centrale de Mane voit se disposer les différents exposants. Les trufficulteurs s’installent aux côtés des pépiniéristes et d’un panel de spécialités provençales. L’animateur de la fête de la truffe commence alors une longue déambulation. Micro à la main, il passe d’un stand à l’autre et interview les professionnels. La question du prix au kilo est toujours délicate et la réponse jamais très précise. Cependant les transactions restent très contrôlées. Deux « inspecteurs » commandités par le syndicat organisateur examinent les lots et veillent à l’authenticité des produits vendus. Les truffes sont « canifées » (petit coup de canif) pour éviter la présence de « fausses » truffes comme celles appelées les chinoises (sans réelle saveur). L’intérieur du champignon révèle toujours son origine.
PEPETTE : 120 kg DE CHARME
Moment attendu par les spécialistes de la rabasse (nom provençal de la truffe) celui du concours de cavage. Une dizaine de propriétaires de chiens truffiers (ils sont entraînés à chercher le trésor noir) vont en découdre avec le chronomètre. Le gagnant sera le binôme maître-chien ayant été au plus vite pour dégoter cinq truffes enfouies au préalable par le juge arbitre. Et là l’animateur de la fête de la truffe se métamorphose en présentateur de concours agricole, expliquant la posture, le flair, et tout ce qui va avec ! Mais le clou du spectacle (gros clou) vient à la fin de la compétition. Afin de faire patienter le public pendant les délibérations du jury, on lâche Pépette ! une truie de 120 kilos qui n’a pas son pareil pour repérer le diamant noir. Un adorable animal qui chaque fois fait un effet « boeuf » (non plutôt cochon) aux spectateurs.
UNE BONNE SONO
Il faut aussi souligner l’importance de la qualité de la sonorisation pour ce type d’événement. Cela paraît trop souvent accessoire aux organisateurs d’une fête à thème et pourtant combien de ces manifestations n’atteignent pas tout à fait leur objectif à cause d’un système de diffusion du son mal calibré. Pour cette fête de la truffe pas moins de cinq zones ont dû être sonorisées avec pour chacune d’entre elles des spécificités différentes. Nous avons donc déployé pas mal de matériel. L’animateur de la fête de la truffe a ainsi pu bénéficier de conditions idéales.
GENTILS ORGANISATEURS
Cela fait donc ma quinzième édition en tant qu’animateur de la fête de la truffe. Mes derniers mots vont évidemment aux organisateurs : les trufficulteurs de Haute Provence. Un salut particulier à Alain Brémond véritable cheville ouvrière de cet événement du début d’année en Provence. Et surtout préciser que ce rassemblement n’est pas que festif, il est l’illustration de la volonté de quelques uns de faire perdurer cette culture dans le Sud Est. Comme beaucoup d’espèces la truffe est menacée. Certains prédisent sa disparition d’ici vingt cinq ans. Cette fête est là aussi pour nous le rappeler…
*Les trufficulteurs des Alpes de Haute Provence Page Facebook
*Mon travail d’animateur micro